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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
l'âge exact des tentures dont l'acte -de naissance n'est pas inscrit, pour ainsi dire, dans quelque document authentique. Dans bien cles cas on serait tenté de reculer la fabrication de plus d'une pièce à date certaine, et certains échantillons de haute lice pré­sentent des caractères archaïques qui ne se retrouvent pas à la même époque dans les autres manifestations de l'art.
Jusqu'ici le principal effort de l'industrie que nous étudions s'est concentré dans deux villes, Paris et Arras. Mais, dès le pre­mier quart du'xv- siècle, le secret de la haute lice se répand rapidement dans les pays voisins de la. France. Des recherches récentes ont permis de constater sa présence à la cour de Navarre en 1413, à Mantoue en 1419, à Venise en 1421, à Avignon en 1430; enfin Un' tapissier, d'origine llamande, porte cette industrie en Hongrie en 1423. Cette diffusion rapide d'un art resté jusque-là presque exclusivement français est due sans doute aux causes gé­nérales qui ont rapproché des nations, presque étrangères aupara­vant les unes aux autres. Ne faut-il pas y voir aussi une consé­quence de la misère profonde dans laquelle est plongée la France pendant la seconde partie du règne de Charles VI?
FRANCE ET BOURGOGNE
Paris. —Veut-on savoir le nombre auquel étaient réduits, pen­dant la plus sombre période de l'occupation anglaise, ces ateliers de Ia capitale, naguère si actifs et si prospères? Sur les rôles de la taxe imposée aux Parisiens par le roi d'Angleterre, en 1422, figurent seulement deux tapissiers, Jehan Deschamps et Pierre Re-nardin. Fabriquaient-ils eux-mêmes, ou n'étaient-ils que simples marchands? On l'ignore.
Pendant tout le règne de Charles VII, nous n'avons pas ren­contré un seul artisan de Paris bien authentiquement auteur d'une tapisserie de haute lice. Les désastres de toute nature qui accablent alors notre pays expliquent suffisamment cette pénurie. Nos ha­biles hauteliceurs, chassés de leur pays par la famine, avaient dû chercher dans les pays étrangers des travaux et des moyens d'exis­tence.
, Pour en finir tout de suite avec les métiers parisiens du xvc siècle, nous signalerons ici les rares tapissiers cités dans les documents